Chant: Basse: Guitare: Guitare: Guitare: Batterie: |
Bruce
Dickinson Steve Harris Dave Murray Adrian Smith Janick Gers Nicko McBrain |
Sortie |
29 mai 2000 |
Titre |
1. The Wicker Man (Smith/Harris/Dickinson) |
2. Ghost Of The Navigator (Gers/Dickinson/Harris) |
3. Brave New World (Murray/Harris/Dickinson) |
4. Blood Brothers (Harris) |
5. The Mercenary (Gers/Harris) |
6. Dream Of Mirrors (Gers/Harris) |
7. The Fallen Angel (Smith/Harris) |
8. The Nomad (Murray/Harris) |
9. Out Of The Silent Planet (Gers/Dickinson/Harris) |
10. The Thin Line Between Love & Hate (Murray/Harris) |
Brave New World est l'album tant attendu de la réunion de Maiden avec leurs légendes vivantes Bruce Dickinson et Adrian Smith. À cause du caractère exceptionnel et de l'émotion suscitée par le retour du groupe à sa formation de son "Âge d'Or", cet album a dû faire face aux espoirs les plus élevés de la part des fans, espoirs pratiquement impossibles à satisfaire. Mais au sein de toute cette agitation, Iron Maiden a plus que largement rempli son contrat et nous offre ici un album qui va de pair avec n'importe quel album de l'époque de leur gloire des années 80.
Au premier abord, Brave New World est un album progressif qui semble appartenir à la même catégorie que Somewhere In time et Seventh Son Of A Seventh Son. Bien que les synthés guitare et basse aient disparus au profit de véritables synthétiseurs (joués par Steve Harris), le style et le mélange des synthés sont assez semblables. Le son des guitares est à nouveau le même que celui de la fin des années 80 et la voix de Bruce est au meilleur de sa forme. Si l'on y regarde de plus près, Brave New World semble être un amalgame de divers éléments puisés dans chaque album depuis la fin des années 80 - les thèmes occultes de Seventh Son, le discours social et politique de No Prayer For The Dying et de Fear Of The Dark, l'introspection de The X Factor et la profondeur de l'émotion de Virtual XI.
Brave New World (littéralement "Brave Nouveau Monde", bien qu'il s'agisse en fait du titre original du roman d'Aldous Huxley Le Meilleur Des Mondes) ne semble pas être un titre vraiment approprié en ce que l'album n'explore que très peu de nouveaux aspects musicaux ou lyriques, mais reprend en fait le génie exceptionnel qui a caractérisé Maiden tout au long de leur carrière. Les meilleurs éléments des 15 années passées sont ici combinés pour donner un album de grande envergure qui saura satisfaire les nouveaux fans comme les fans de longue date, tout en humiliant les autres groupes qui ont abondonné le Heavy Metal pour un style plus commercial. La meilleure surprise de l'album est peut être l'arrivée à son âge d'or du souvent sous-estimé Janick Gers, qui est à mon avis l'égal sans conteste de Dave et d'Adrian dans ses compositions et dans sa manière de jouer, les surpassant même à certaines occasions. Ses morceaux sont excellement écrits et ses solos superbement inspirés à la fois dans la complexité et dans la profondeur émotionnelle dont on avait déjà eu un aperçu dans The X Factor et Virtual XI.
En résumé, Brave New World comporte tous les éléments nécessaires pour en faire un grand classique d'Iron Maiden - des paroles profondes et intelligentes, des structures musicales non-standards, des talents de musiciens exceptionnels, ainsi que le retour du génie artistique de Derek Riggs sur la pochette. Si je devais changer quoi que ce soit sur Brave New World, j'aurais peut-être écrit plus de solos de guitare, et plus longs, j'aurais aussi inclus plus d'interactions entre les trois guitares, et surtout j'aurais mis de meilleures photos sur le livret du CD. Ceci dit, ce ne sont que des points de détails en face de cet excellent album qui a réussi à répondre à toutes mes attentes, voire à les surpasser.
Voici ce que Bruce a dit au sujet du titre de l'album dans une interview avec C. Bottomley pour VH1.com (Merci à Forostar de me l'avoir indiqué):
Le truc avec Huxley est simplement dû au fait que l'on s'est dit que le Meilleur Des Mondes était un titre plutôt cool pour l'album, parce que ça produit une sorte d'énigme. Du genre, "De quoi ça parle?" Mais après avoir trouvé un titre, je me suis dit, "Bon, on va écrire un morceau sur le bouquin". Alors j'ai relu le livre et j'ai été assez terrifié de voir combien il collait à la réalité.
Je me souviens avoir lu quelque chose qui traitait de la disparition de ces superbes grues au Japon, où la grue est une espèce de symbole national, et tout le monde s'en foutait. Quand on leur demandait, "Ça vous inquiète que toutes ces grues meurent à cause de la pollution?" Ils répondaient, "On en a des photos dans les musées, on se fout pas mal qu'elles existent ou non - du moment qu'on en a des photos." C'est ça ce putain de Meilleur Des Mondes.
Les commentaires de Bruce Dickinson sont tirés d'une
interview d'Essi Berelian pour 'Classic Rock Magazine' et se trouvent également
sur le livret officiel de la tournée sous le titre "Bruce's Track By Track
Guide To Brave New World".
The Wicker Man (Smith, Harris, Dickinson)
Ce morceau rapide, réminiscent de
Aces High d'un
point de vue musical, fournit une excellente intro d'album et de concert. Le
riff d'ouverture et le martèlement précis de Nicko sont les premiers signes
que l'Iron Maiden de l'Âge d'Or est de retour. Le morceau lui-même a un tempo
rapide, tout en comportant des passages plus lourds et des changements de
rythme typiques de Maiden. De plus, le solo d'Adrian Smith est excellent.
Les paroles semblent mettre en avant l'apathie générale de notre société moderne, ainsi que le désintérêt égocentrique pour ce qui peut se passer dans le monde jusqu'à ce que quelque chose nous arrive qui nous touche directement et que l'on soit 'brutalement remis sur pied'. Regarder 'le monde exploser chaque soir' fait probablement référence à ceux qui regardent le journal télévisé du soir et qui sont saturés d'images de guerres et de souffrances, et qui deviennent petit-à-petit désensibilisés et de moins en moins humains.
Cet égoïsme est mis encore plus en évidence avec l'image du refus de payer le 'batelier', très probablement Charon qui selon la mythologie Grecque était le passeur des âmes de ceux qui venaient de mourir récemment, les accompagnant de l'autre côté du fleuve Acheron (le fleuve des morts), et non du Styx comme beaucoup le croient, depuis le royaume des vivants vers celui des morts -- il est à noter au passage que "Styx" fut le tout premier groupe de Bruce (rien à voir avec le célèbre groupe rock Americain du même nom). Cette image semble donc mettre l'accent sur le fait que le monde moderne est de plus en plus habité par des zombies dont les sentiments sont morts ou mourants.
Le symbole de la résurrection de l'homme d'osier ('L'ombre de l'homme d'osier se profile à nouveau'), issu d'un culte païen, insinue peut-être que nous retournons vers d'anciens comportements 'malsains'. Ce culte était autrefois célébré chez d'anciennes tribus Celtes, et notamment en Écosse, en tant que rituel de fertilité. Il s'agissait de brûler un homme d'osier géant dans lequel se trouvaient des êtres vivants, le plus souvent des animaux de ferme mais parfois aussi des êtres humains, puis d'en utiliser les cendres comme engrais dans les champs. D'un point de vue technique, c'était un bon système vu que les cendres contenaient alors de nombreux éléments bénéfiques aux cultures, surtout une bonne quantité d'azote issue des animaux. Cependant, on trouve de nos jours en magasin des engrais très efficaces qui rendent cette méthode heureusement obsolète.
Il est à noter que le film-culte Anglais de 1973, The Wickerman, avec Christopher Lee et Edward Woorward est en fait la source originale d'inspiration des paroles du morceau et de la vidéo.
Cette chanson s'appelle The Wicker Man [L'Homme D'Osier] car L'Homme D'Osier y est mentionné en référence au film culte des années 70 "The Wicker Man". Et le morceau est je crois le meilleur simple que Maiden ait sorti depuis des lustres. C'est un simple qui a vraiment la pêche. En fait, l'atmosphère est si forte en termes de feeling qu'on pourrait écouter un morceau d'Offspring sur un ou deux passages, en ce qui me concerne. Je pensais simplement à quand je me trouve devant x milliers de personnes à chanter, je pensais à cette émotion forte que ça me procure; je pense à cette émotion forte que je ressentais étant gamin, quand j'allais aux festivals de Rock, on sentait vraiment que l'on appartenait à quelque chose de plus grand que soi ce jour là. On sentait aussi d'une certaine manière que l'on pouvait changer quelque chose; on pouvait changer le monde un petit peu ce jour là parce qu'on était tous sur ce terrain. Et c'est de ça que parle la chanson, d'où le refrain, "Your time will come" ["Ton heure viendra"]. On se sent soudain partie intégrante d'un tout.
- Bruce Dickinson
Ghost Of The Navigator (Gers, Dickinson, Harris)
Avec une intro acoustique qui s'achève en crescendo, ce morceau est une épopée
maritime dans la lignée de
The Rime Of The Ancient Mariner.
La partie instrumentale évoque les images d'un bateau perdu en pleine tempête.
C'est durant ce passage que Nicko donne l'impression de jouer de la double
grosse caisse, et c'est entre autre ce qui a provoqué une polémique chez les
fans, certains d'entre eux prétendant dur comme fer que c'était la première
fois que Nicko utilisait une double pédale. En fait, Nicko n'a jamais utilisé
de double pédale. Il utilise en fait une technique dont le nom en Français
m'échappe, et qui consiste à alterner le talon et la pointe du pied, donnant
l'impression d'une double pédale quand elle est bien exécutée et suffisamment
rapide. Sa rapidité et sa technique placent d'ailleurs Nicko parmis les
meilleurs batteur de Rock qui soient.
Les paroles sont une métaphore de la vie, avec ce bateau qui vogue vers l'Ouest et le soleil couchant qui représente la mort. Les 'fantômes de navigateurs' font peut-être allusion à tous ceux qui parcourent leurs vies sans vraiment s'en rendre compte et qui sont par conséquent 'perdus' et sans contrôle de leur navigation. Cette phrase peut également faire référence à nos ancêtres qui ont navigué sur les mêmes 'mers' que nous et dont le souvenir perdure. En tout cas, 'rien n'est réel jusqu'à ce que tu sentes' peut être interprété comme un conseil de vivre pleinement sous peine de laisser passer ce qu'il peut se passer d'intéressant lors de ce court moment situé entre le berceau et la tombe.
Je l'ai écrit, les vers et le refrain, avec Jan et il a trouvé ce riff, et j'ai alors eu cette image dans la tête, genre... Vikings! Comme traverser les mers, de gros bateaux et des pionniers. Puis j'ai pensé à la navigation. Alors comme je suis vaguement poète à mes heures, ça m'a frappé en tant que métaphore de la vie. Alors tout d'un coup j'avais une histoire pour la chanson. C'était un grand voyage épique sur les mers et ce voyage était la vie et le navigateur était nous alors que nous l'écrivions. Steve a dit, "C'est une partie centrale vraiment cool, et on peut rajouter cette partie aussi" et j'ai vraiment aimé ça. Je ne sais pas s'il était sur la même longueur d'onde que moi mais ça ressemble pour moi à une grosse tempête parce que j'ai déjà le navigateur attaché à la barre pour ne pas être tenté par les sirènes sur les rochers qui essaient de le distraire. Il tente de ne pas se laisser distraire par tous les fantômes de son subconscient, les fantômes de ses ambitions ratées, et aussi ses propres peurs, que tout ça n'ait aucun sens à l'arrivée et il le fait parce qu'il doit le faire. C'est la seule réponse qu'il puisse donner.
- Bruce Dickinson
Brave New World (Murray, Harris, Dickinson)
Tiré du roman de 1932 Le Meilleur Des Mondes d'Aldous
Huxley, il s'agit là d'un morceau appelé à
devenir un grand classique d'Iron Maiden. Une intro en douceur cède la place à
des riffs et à un chant puissants, et le refrain est parfait pour une
participation du public à la
Fear Of The Dark
lors des concerts. Le morceau s'achève comme il avait commencé, de manière
acoustique à la sonorité mélancolique.
L'histoire dont les paroles de la chanson sont inspirées se passe dans ce qui était à l'époque où Huxley l'a écrit un monde futuriste dont la devise est: "Communauté, Identité, Stabilité". Chaque habitant de cet état mondial prend sa dose quotidienne d'un anti-dépresseur appelé "soma", les bébés sont conçus et naissent dans des laboratoires spécialisés, et la forme la plus populaire de divertissement est les "feelies", un cinéma dont les films peuvent être non seulement vus et entendus, mais aussi ressentis d'un point de vue tactile et olfactif. Le personnage principal du roman se révolte contre ce système qui contrôle tous les aspects de la vie de l'individu et finit par devenir une espèce d'attraction (le 'Sauvage') pour le reste du monde. Quand on regarde autour de nous, il devient assez évident qu'Huxley avait raison et que ce qu'il a décrit comme une utopie à l'époque était proche de notre sinistre réalité. La société occidentale moderne, avec sa recherche permanente de sensations parfois extrêmes et sa disparition graduelle de l'individualité, est la preuve que l'imagination d'Huxley dans les années 1930 avait en fait un aspect visionnaire de ce qu'apporterait le futur.
Le titre Français du livre est tiré du Candide de Voltaire, dans lequel Pangloss affirme que "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" - encore un commentaire plutôt sarcastique!
Bien qu'il n'y ait pas, comme Bruce le constate
ci-dessous, de 'cygnes mourants' dans le Meilleur Des Mondes,
Huxley a pourtant écrit un roman publié en 1939 et dont le titre est After
Many a Summer Dies the Swan [littéralement, Après Bien Des Étés Meurt
Le Cygne - traduit en Français par Jouvence]. Dans ce livre Huxley
analyse avec ironie la culture Américaine, notamment dans ce qu'il percevait
comme son narcissisme, son aspect superficiel, et son obsession de jeunesse
(déjà à l'époque!). Ce roman est l'histoire d'un millionnaire de Californie
qui entend parler de ce noble Anglais qui a découvert le moyen de prologer
indéfiniment la vie humaine. Il se rend donc en Angleterre et trouve l'Anglais
encore en vie, mais ayant dégénéré en une créature inhumaine; mais le
millionnaire décide de prologer sa vie quelles qu'en soient les conséquences.
C'est là encore un bon example de narcissisme, bien que celui-ci se situe au
niveau individuel alors que celui du Meilleur Des Mondes s'étend à la
société toute entière.
"Dying swans twisted wings, beauty not needed here" ["Cygnes mourants aux ailes tordues, la beauté n'est pas de mise ici"]. Je ne me souviens pas qu'il y ait des cygnes mourants dans Le Meilleur Des Mondes, le livre. Mais je voulais une image qui représente la tragédie et la tristesse de ce que Le Meilleur Des Mondes a fait. Des cygnes mourants les ailes tordues, vous savez, l'agonie, la mort. Le Meilleur Des Mondes ne veut pas voir ça. il n'a pas besoin de la vie ni de la mort. Tout ce dont il a besoin est d'images parce que dans le livre, si on veux des sensations fortes on va aux viddies; c'est la prémonition d'Aldous Huxley de la réalité virtuelle et je prend ça pour l'exposer à la discussion.
- Bruce Dickinson
Blood Brothers (Harris)
Bien qu'il soit mentionné dans les paroles, ce morceau ne parle pas que du
père de Steve, mais de la vie et de ce qu'il peut éventuellement y avoir
au-delà. L'image du père décédé est essentiellement là pour indiquer que le
lien entre les vivants et les défunts est essentiellement le souvenir des
disparus ('Et en un instant les souvenirs sont tout ce qu'il reste, Et
toutes les blessures s'ouvrent à nouveau'). Après tout, il n'y a aucune
certitude qu'il existe une quelconque survie de la conscience après la mort --
ou de l'âme pour ceux qui sont croyants -- mais ce qui est certain est que
ceux que nous avons aimé continuent de vivre dans nos mémoires.
La chanson parle de la honte que l'on peut ressentir lorsqu'on regarde l'état du mode ('Et alors que tu regardes le monde avec consternation'). L'Histoire ne cesse de se répéter apparemment indéfiniment quelles que soient les leçons que l'on aurait dû en tirer ('...crois-tu que nous ayons appris? Pas si tu regardes cette bagarre guerrière'). Ce thème semble être la continuité de ce qui avait déjà abordé dans The Wicker Man, c'est à dire que personne ne semble plus se soucier de ce qui se passe et que ceux qui tentent de faire quelque chose ne font pas vraiment le poids face à l'adversité.
Là encore, comme dans No Prayer For The Dying, la question du sens de la vie est posée ('Saurons-nous un jour quelle est la réponse à la vie?'). Seulement cette fois-ci, elle n'est pas posée à quelque dieu qui de toutes façons ne répond pas, mais plutôt de manière beaucoup plus générale ('Peux-tu vraiment me dire ce qu'est la vie?').
Steve Harris a très bien résumé le sens de ce morceau lors d'une interview avec Johnny B. peu de temps après la sortie de l'album:
En fait, ça dit que nous sommes tous faits de sang et de tissus et qu'il y a du bon et du mauvais de par le monde, certains n'ont pas de chance dans la vie... des trucs comme ça mis en un seul bloc.
La musique elle-même donne cette sensation grave de celui qui réfléchit sur les malheurs du monde, et les touches Celtes ici et là ajoutent à cette atmosphère quasi-magique. Le refrain est parfait lors des concerts, formant un lien entre le groupe sur scène et le public... comme des 'Frêres De Sang'.
Blood Brothers est un petit chef-d'oeuvre qui est un morceau de Steve à 100%. À le chanter, je peux vous dire de quoi ça parle. Ça parle de la relation de Steve avec son père qui est mort; c'est un morceau très personnel donc il parle de Steve et de son père qui sont frêres de sang, disons, pour toujours comme le disent les vers. "Just for a second a glimpse of my father I see, and in a movement he beckons to me, and in a moment the memories are all that remain, and all the wounds are reopening again, we're blood brothers" ["J'entrevois mon père juste pour une seconde, et d'un mouvement il me fait signe, et en un instant les souvenirs sont tout ce qu'il reste, et toutes les blessures s'ouvrent à nouveau, nous sommes frêres de sang"]. Donc c'est un peu doux-amer et plein d'amour et c'est en même temps très mélancolique. Il y a beaucoup d'émotion mitigée et musicalement il y des aspects Celtiques.
- Bruce Dickinson
The Mercenary (Gers, Harris)
Ce morceau rapide ré-accélère le rythme de l'album après la fin en douceur de
Blood Brothers. Il n'y a pas grand-chose à dire de la musique, si ce
n'est qu'il s'agit d'un morceau traditionnel rapide de Maiden.
La chanson parle en fait d'un chasseur de primes, bien qu'ils n'aient pas voulu l'appeler Le Chasseur De Primes probablemement parce que Le Mercenaire sonnait mieux. Les paroles sont du même type que celles de The Assassin et parlent de quelqu'un qui chasse et tue pour gagner sa vie.
On m'a fait remarquer que les paroles pourraient être inspirées du film Predator de 1987, avec Arnold Schwarzenegger. Dans ce film, une créature appelée 'Diablo' par les habitants de la région chasse les humains quelque part dans une jungle Sud-Américaine pour 'faire des hommes des trophées'. Tout ceci semble logique mais comme aucun membre du groupe ne l'a mentionné dans aucune des interviews que j'ai pu lire, je doute que le film soit la véritable source d'inspiration de la chanson.
C'est un bon morceau solide dont il n'y a pas énormément à dire si ce n'est que ce sont des mercenaires et qu'il sont généralement une mauvaise chose; ce sont en général des individus cruels et sans coeur qui tuent cyniquement pour de l'argent. Un bon morceau de Maiden assez conventionnel comparable à une espèce de 'Die With Your Boots On'.
- Bruce Dickinson
Dream Of Mirrors (Gers, Harris)
C'est là encore une chanson basée sur les rêves prémonitoires récurrents,
assez similaire à
Infinite Dreams.
Le parallèle entre les deux morceaux est particulièrement frappant dans les
paroles:
'...trop effrayé pour me rendormir, Au cas où les rêves recommenceraient'.
- Infinite Dreams
'Redoutant de m'endormir et de rêver ce rêve une fois de plus'.
- Dreams Of Mirrors
Steve Harris est connu pour avoir ces rêves qui, sans être particulièrement prémonitoires, ont inspiré de nombreuses chansons d'Iron Maiden (on pense notamment à Number Of The Beast). Il a en fait expliqué lui-même dans une interview avec Johnny B. que le morceau parlait du côté sombre des choses, des pensées que l'on peut avoir et de la souffrance qui peut parfois en résulter, surtout la nuit.
D'un point de musical, c'est un excellent morceau qui comporte une partie semi-instrumentale endiablée. La musique colle parfaitement aux paroles, donnant ce ton à la fois calme et inquiétant de celui qui est à la merci de ses rêves et qui cherche à en comprendre le sens.
Je trouve que c'est un super morceau. Il est assez long. Le refrain est vraiment excellent! L'un des meilleurs refrains que Steve ait jamais écrit je crois, et aussi parmis les meilleures paroles qu'il ait jamais écrites. "I only dream in black and white" ["Je ne rêve qu'en noir et blanc"] Je te dis tout de suite, putain c'est super! Merde, qui rêve en noir et blanc? Ouah, moi? C'est bizarre? "I only dream in black and white, I only dream because I'm alive, I only dream in black and white, to save me from myself!" ["Je ne rêve qu'en noir et blanc, je ne rêve que parce que je suis en vie, je ne rêve qu'en noir et blanc, pour me préserver de moi-même"] C'était du genre, 'Oh putain quel enfoiré torturé ce Steve parfois', et il a vraiment ces rêves et ces trucs de déjà-vu et ces trucs extra-corporels qui lui arrivent.
- Bruce Dickinson
The Fallen Angel (Smith, Harris)
Reprenant le vieux thème du Bien contre le Mal, ce morceau rapide possède une
excellente intro à la Think Lizzy suivie d'un chant puissant et d'un refrain
très entraînant. Azazel, l'ange déchu
dont il est question, fait référence au bouc émissaire qui était autrefois
envoyé dans le désert par les anciens Hébreux. Cette chêvre portait
symboliquement tous leurs péchés et était offerte au démon Azazel en signe de
repentir. Le nom lui-même vient de l'Hébreux "azazel" qui signifie
litérallement "chêvre du départ". Il est formé des mots "ez" (chêvre) et "azal"
(partir, s'en aller). Cette cérémonie est décrite dans la bible (Lévitique
16). Certains pensent que le nom d'Azazel
peut également faire référence à Satan lui-même et, d'après l'Encyclopaedia
Britannica, Azazel était la personnification de ce qui est impur et est
décrit plus tard dans les écrits rabbiniques comme un ange déchu.
Celui-ci, il me semble, parle d'être choisi en tant que sacrifice humain, alors il est profond et sombre. Je pense que Steve était dans une période noire quand il a écrit les paroles de celui-là. Steve a eu pas mal de ces périodes noires sur cet album! Adrian a composé la base du morceau et il y a un refrain assez entraînant. Mais j'espère que l'on ne va pas avoir trop de gens qui vont se jeter par la fenêtre si ça sort en simple parce que le refrain est "Could it be the end of my world, all the things that we cherish, there's left, but to face this all on my own, because I am the chosen one!" ["Ce pourrait-il que ce soit la fin de mon monde, de toutes les choses que nous chérissons, je ne peux rien faire d'autre que d'y faire face seul, parce que je suis l'Élu"] Aaaaaaaah! Des gens qui se jettent par les fenêtres! Comme dans 'The Omen'['La Malédiction'] des gens qui se balancent par la fenêtre. Damiee-e-e-en!
- Bruce Dickinson
The Nomad (Murray, Harris)
Avec son atmosphère réminiscente du film de 1962 Lawrence D'Arabie, avec
Peter O'Toole, ce morceau est probablement mon préféré sur cet album. Bien que
les paroles soient assez simplistes et parlent des gens du désert, c'est un
morceau épique analogue à
To Tame A Land. La
musique conjure des images du désert et de ses immenses étendues de sable, et
l'orchestration est formidable, notamment lors de la pertie instrumentale
calme où les synthés reproduisent le son d'un orchestre (j'en ai des frisson à
chaque écoute). C'est un véritable chef-d'oeuvre!
C'est 'Le Gendarme Et Les Chameaux' ce morceau! Il parle des bédouins, les tribus guerrières du désert. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de sens caché là-dedans. Je veux dire que quand Steve a écrit des morceaux sur Alexandre Le Grand, ils parlaient juste d'Alexandre Le Grand et c'est tout! Les paroles parlent juste des nomades et de combien ils étaient mystérieux et étranges, du fait qu'ils étaient plutôt classe et assez redoutables, ni plus ni moins. La vue d'ensemble est surtout l'effet qu'a le morceau. En fait ce n'est pas vraiment une chanson, c'est une pièce de neuf minutes. Alors on ne peut pas considérer ça comme une chanson Rock de cinq minutes.
- Bruce Dickinson
Out Of The Silent Planet (Gers, Dickinson, Harris)
Prétendument inspiré par le film de science-fiction de 1956 La Planête Interdite
avec Leslie Nielsen, c'est là encore un grand morceau de Maiden qui commence
doucement pour devenir un morceau de grande puissance. Il y a une très bonne
intro au son plutôt Celte, puis le morceau explose littéralement. Il se
termine comme il a commencé, doucement, avec la petite mélodie Celte du début.
Il est intéressant de noter que le film La Planête Interdite, cité par Bruce comme inspiration de la chanson, est lui-même une adaptation de La Tempête, la pièce de Williams Shakespeare dans laquelle se trouve la citation "Brave New World" d'origine. Toutefois, j'ai vu ce film plusieurs fois et je ne vois toujours pas le lien avec la chanson. Elle est en fait réminiscente de Public Enema Number One en ce qu'elle semble avoir un sens assez "politique". Le sujet en est apparemment l'état actuel de notre planête et une analyse phrase-par-phrase en est possible.
'Mains flétries, corps flétris quémandant pour être sauvés' est une phrase qui évoque des images de famines et de camps-de-la-mort, ces terribles reportages que l'on découvre dans toute leur horreur au journal télévisé et dans d'autres émissions. Elle met en avant l'horrible destinée de trop de gens sur la planête.
Ces gens sont 'Désertés par la main des dieux de leur propre création', qui est peut-être celle de leurs dirigeants. Dans de nombreux pays sous-développés, les gouvernements prennent le pouvoir par la violence, et se terminent généralement aussi dans la violence, la période entre les deux se passant dans le luxe alors que le petit peuple continue de se battre pour survivre. Une autre interprétation de cette phrase pourrait être que, quel que soit le dieu que l'on vénère, ce n'est qu'illusion et que la religion n'est qu'un marché de dupes. L'action vaut toujours mieux que la prière, bien que la religion constitue un excellent moyen de manipulation des foules et fait oublier au peuple ses conditions de vie précaires.
'Les nations crient sous des cieux pourrissants' fait peut-être référence à la pollution atmosphérique ou même au tristement célèbre trou dans la couche d'ozone, à moins que cela ne soit une métaphore "poétique" indiquant que les cieux là-haut sont dans le même triste état que le terre ici-bas.
'Vous êtes coupables, la punition est la mort pour tous ceux qui vivent'. Enfin, tout ce qui vit ne meurt-il pas un jour? Peut-être que la "punition" pour ne pas s'inquiéter plus de notre environnement est une pollution sans cesse en augmentation et des catastrophes naturelles encore plus fréquentes, tout ça menant éventuellement à l'extinction complête de l'espèce humaine.
'Les champs de massacres, les roues écrasantes détruites par l'équilibre'. Il s'agit là encore d'images de guerres, où qu'elles se passent et quels que soient les belligérants. Je ne suis pas sûr de quel "équilibre" il s'agit. Se pourrait-il que ce soit une référence à la seconde loi de la thermodynamique, dit dit en gros que tout ce qui est ordonné tend vers le chaos? En d'autres termes, que "ce qui est finira par cesser d'être". En tout cas, cette phrase n'est pas très claire et reste ouverte à diverses interprétations.
'Vies séparées, plus de déguisements, plus de secondes chances' est sans doute un avertissement qu'il vaudrait mieux que l'on fasse quelque chose avant qu'il ne soit trop tard et que l'on atteigne le point de non-retour vers l'extinction (si ce n'est déjà fait).
La 'Sagesse hagarde recrachant le goût amer de la haine' fait probablement référence à ceux qui encouragent la haine à l'encontre de ceux qui ont l'air différent ou qui pensent différemment. Cette "sagesse hagarde" me rappelle ces 'leaders' religieux qui exacerbent le mépris pour ceux qui ne partagent pas leur foi. Qu'ils soient Juifs, Chrétiens ou Musulmans, ces extrémistes fanatiques sont responsables des vagues de haine de par la proclamation de leur "sagesse" qu'ils prétendent tenir d'un dieu à l'existence plus que douteuse.
'Je t'accuse avant que tu ne connaisses le crime, c'est trop tard' est peut-être dirigé contre l'espèce humaine toute entière qui dans son immense majorité ne se rend pas compte des dégâts qu'elle engendre sur la planête. Le crime en question est la destruction de la planête et il sera trop tard pour faire marche arrière quand la Terre sera devenu la "Planête Silencieuse".
Bien qu'il n'y ait probablement aucun lien avec la chanson, Out Of The Silent Planet [Le Silence De La Terre] est également le titre d'un roman de C. S. Lewis, qui est plus connu pour ses Chroniques De Narnia. Dans ce livre, la Terre est connue comme étant la "Planête Silencieuse" car aucune communication ne passe entre elle et le reste de l'univers. Les paroles 'nous venons de la planête silencieuse' prennent un tout nouveau sens dans ce contexte.
C'est une balade dans le territoire de la science-fiction avec une espèce de feeling à la 'Run To The Hills'. Certainement vers la moitié du morceau, parce que je voulais vraiment le type galopant dès le début et Steve a fait "On ne va pas leur donner tout de suite". C'est basé sur le classique de science-fiction 'La Planête Interdite' qui parle de monstres de l'id et c'est en fait sur les monstres de l'id. C'est ce dont c'est inspiré en tout cas, une bande d'extra-terrestres qui ont détruit leur planête et maintenant ils ont quitté leur planête silencieuse et ils viennent nous conquérir.
- Bruce Dickinson
The Thin Line Between Love And Hate (Murray, Harris)
Encore des paroles de Steve. Ça ressemble presque à un morceau de UFO par endroits. On a fait quelque chose d'assez inhabituel au chant parce que le rythme est plutôt style rock'n'roll/hard rock et on a mis une harmonie sur toute la partie chantée. Donc c'est assez inhabituel pour Maiden. Ça parle en fait du karma. En d'autres termes le cercle se boucle toujours et l'on récolte ce que l'on sème et l'on en est toujours responsable. Il y a un espoir si l'on s'est bien comporté, sinon c'est la descente aux enfers assurée!
- Bruce Dickinson