Chant: Basse: Guitare: Guitare: Batterie: |
Paul Di'Anno Steve Harris Dave Murray Dennis Stratton Clive Burr |
Sortie | 9 février 1981 |
Titre |
1.The Ides Of March (Harris) |
2. Wrathchild (Harris) |
3. Murders In The Rue Morgue (Harris) |
4. Another Life (Harris) |
5. Ghengis Khan (Harris) |
6. Innocent Exile (Harris) |
7. Killers (Harris/Di'Anno) |
8. Prodigal Son (Harris) |
9. Purgatory (Harris) |
10. Twilight Zone (Harris) |
11. Drifter (Harris) |
Killers a continué l'ascension d'Iron Maiden vers la gloire et s'est vendu à quatre fois plus d'exemplaires que son prédecesseur. C'est globalement un excellent album, bien qu'il lui manque le morceau épique que comportent la plupart des albums de Maiden (par exemple: Phantom Of The Opera, Hallowed Be Thy Name, To Tame A Land ou The Rime Of The Ancient Mariner). Toutefois, il contient pas mal de morceaux innovateurs dont deux des meilleurs instrumentaux de Maiden.
Killers n'est pas un concept-album, mais de nombreux morceaux ont des éléments en commun. C'est un thème complexe et intéressant qui explore le concept du tueur sous différents angles, à savoir le vengeur en colère, le suspect fuyard, l'accusé innocent, l'assassin de sang-froid, le disciple repentant et finalement le paumé qui trouve son but dans la vie. Dans ce sens, et avec un peu d'imagination, cet album peut être considéré comme une progression allant de la colère et de la violence au repentir et au changement pour une vie meilleure. Cela rappelle The Rime Of The Ancient Mariner,où le marin commence comme tueur impulsif et finit comme pélerin repentant et comme éducateur.
Il y a aussi un deuxième thème moins évident dans Killers, celui du désespoir et de l'absence de sens de la vie. Dans ce sens cet album entame ce qui est devenu un sujet familier chez Maiden, et qui a donné naissance à certaines de leurs meilleures compositions. Mais, contrairement aux morceaux plus récents, l'exploration dans Killers possède un motif extrêmement dépressif, plein de regrets et même suicidaire. Ce deuxième thème est pleinement apparent dans Another Life, Twilight Zone et Purgatory.
Ca m'a pris un peu de temps avant de vraiment apprécier Killers. Le style des albums avec Di'Anno est quelque peu différent de celui d'albums plus récent et demande un certain ajustement si l'on est pas habitué. Mais après l'avoir écouté suffisamment de fois, il deviendra l'un de vos albums préférés de Maiden.
Les commentaires de Steve Harris sont tirés d'une
interview de John Stix vers le milieu des années 80.
The Ides Of March (Harris)
(paroles)
Avec seulement 1 minute et 44 secondes, c'est le
morceau de Maiden le plus court. Il est beaucoup trop court parce que c'est un
excellent intrumental, probablement parmis leurs meilleurs. Les Ides sont le
15e jour de Mars et font probablement référence au célèbre avertissement
"Prends garde aux Ides de Mars " tiré de
Jules César, la
pièce de Shakespeare.Les Ides de Mars sont en fait la date à laquelle César
fut assassiné par Brutus et quelques complices, ce qui est montré dans la
pièce. Il s'agit d'une réalité historique et ce morceau constitue probablement
la première référence à l'Histoire de la carrière de Maiden, une tradition qui
a continué avec des morceaux comme Invaders, Run to the Hills,
Alexander the Great et bien d'autres. Des solos de guitare fantastiques
et une très bonne ligne de batterie font de ce morceau une excellente
ouverture pour l'album, et il se fond si bien avec
Wrathchild
qu'ils pourraient ne faire qu'un seul et même morceau.
On avait l'habitude de jouer ça sur les enceintes avant de continuer. Ensuite on enchaînait directement avec Wrathchild. - Steve Harris
Wrathchild (Harris)
(paroles)
C'est le morceau classique de Killers et un
régulier aux concerts. Il est entraînant et accessible, et fut à l'origine
enregistré sur la compilation
Metal For Muthas,
ce qui explique peut-être pourquoi il ne se trouve pas sur l'album précédent.
La chanson elle-même parle d'un jeune homme en colère à la recherche de son
père inconnu, vraisemblablement avec des intentions plutôt violentes. L'intro
à la basse est assez sympa.
Wrathchild fut d'abord enregistré, ainsi que Sanctuary, sur un album appellé Metal For Muthas. C'était avant que l'on ait un contrat. La version sur cet album est assez différente. Beaucoup de gens nous ont demandé pourquoi nous ne l'avions pas mis sur le premier album. Mais on s'est dit que, comme il était sur Metal For Muthas, on ne voulait pas le mettre sur le premier album. Quand on a enregistré Killers, on n'était pas très content de cette version alors on a voulu l'enregistrer proprement. Les fioritures à la guitare autour de la voix sont d'Adrian. Elles n'étaient pas là à l'origine, mais quand Adrian nous a rejoint il a décidé de les inclure. - Steve Harris
Murders In The Rue Morgue (Harris)
(paroles)
Tiré du roman d'Edgar Allan Poe Double Meurtre dans la Rue Morgue,ce morceau relate l'histoire d'un fugitif recherché pour meurtre. C'est encore un morceau rapide et entraînant qui ne m'a pas pris beaucoup de temps à apprécier. Cependant, la chanson n'est que vaguement reliée à l'histoire de Poe qui est un mystère à la Conan Doyle (NdT: l'auteur de Sherlock Holmes). Le seul point commun entre le roman et la chanson est l'assassinat de deux femmes dans la rue Morgue à Paris. Par conséquent, cela mérite une analyse indépendante des paroles.
Notez spécialement les dernières lignes de la chanson:
But I know that it's on my mind
That my doctor said I've done it before
Mais je sais que c'est dans ma tête
Que mon docteur m'a dit que je l'avais déjà fait
Ceci soulève l'intéressante possibilité que
l'individu en question souffre de délusion et est schizophrène. A-t-il
vraiment tué les deux jeunes femmes? Après tout, il avait du sang sur les
mains...
C'était un peu une expérience. Je n'avais pas beaucoup joué d'harmoniques à la basse avant ça. Mais avec l'atmosphère de l'intro, cela m'a semblé tout à fait naturel de jouer ces harmoniques. Nous voulions créer une atmosphère, puis arriver et cogner les gens sur la tête avec. La mélodie au chant est très similaire au riff. Ca donne plus de puissance aux deux. - Steve Harris
Another Life (Harris)
(paroles)
C'est un étrange petit morceau qui parle d'un
individu malheureux qui envisage de se suicider. J'aime bien les riffs de
guitares, mais les paroles sont plutôt répétitives, comme si Harris avait eu
soudain un blocage mental et avait décidé de répéter les mêmes vers trois
fois. La répétition est peut-être là pour renforcer l'effet des paroles. Dans
tous les cas, ce n'est pas un mauvais morceau.
J'aime beaucoup les harmoniques sur celui-là, et les fioritures de Dave sur l'intro sont très bonnes. - Steve Harris
Genghis Khan (Harris)
(paroles)
Tout comme The Ides Of March, c'est là encore
un superbe instrumental. Il est plus long et beaucoup plus complexe, avec de
nombreux changements de rythme qui mettent en valeur les grandes qualités de
batteur de Clive Burr. C'est peut-être le meilleur instrumental de Maiden. il
rend parfaitement l'atmosphère de
Genghis Khan, le génie
militaire et le fléau de l'Europe au XIIIe siècle. D'après Nicko Genghis
Khan a été écrit à la dernière minute pour remplir l'album Killers.
On ne s'en rendrait pas compte tellement ce morceau déménage!
C'est un autre morceau qui aurait pu avoir une mélodie vocale, mais il était très bien comme instrumental. Le chant l'aurait embrouillé. A l'origine, on l'a écrit pour dépeindre l'impression et le son de l'armée de Genghis Khan allant au combat. On a trouvé mieux de ne pas mettre de solos de guitare sur ce morceau. - Steve Harris
Innocent Exile (Harris)
(paroles)
Innocent Exile continue le thème du fugitif
accusé à tort qui avait commencé avec
Murders In The Rue Morgue.
En fait il pourrait s'agir d'une suite directe où le fugitif réfléchit à sa
condition misérable et sans issue. Au début, j'ai eu du mal à me faire à ce
morceau, mais c'est finalement devenu l'un des mes préférés de l'album.
L'intro à la basse est plutôt cool, mais j'aime tout particulièrement les
solos de guitare et la deuxième partie du morceau.
C'est l'un des tout premiers morceaux de Maiden C'était l'un des préférés sur scène, mais on ne l'a plus joué depuis un bout de temps. Le riff d'intro à la basse était à l'origine joué à la guitare. Il a été écrit avec la basse pour la guitare. La basse jouait des accords puissants derrière. Puis on a tout inversé. - Steve Harris
Killers (Di'Anno, Harris)
(lyrics)
Ce voyage dans l'esprit dérangé d'un tueur maniaque est le meilleur morceau de l'album. Il représente le point culminant du thème du tueur, décrivant le meurtre du point de vue du tueur lui-même, celui-ci se délectant de l'adrénaline et du pouvoir que procure cet acte. Il y a cependant un autre détail intéressant dans les paroles:
I have no one, I'm bound to destroy
all this greed
A voice inside me, compelling to satisfy me
Je n'ai personne, je suis destiné à
détruire toute cette cupidité
Une voix intérieure, me pousse à ce que je me satisfasse
Ceci suggère que le tueur n'est pas uniquement poussé
par la soif de sang, mais qu'il s'agit aussi d'une sorte de croisade morale.
La mention de voix intérieures renforce la possibilité que le tueur soit
schizophrène, comme c'est peut-être le cas dans
Murders In The Rue Morgue.
Paul a écrit les paroles de celui-ci. Ca lui a semblé tout à fait naturel d'hurler au début de la chanson. Il y en a qui doivent se poser des questions sur ce morceau s'ils ont la vidéo. On a fait une vidéo d'une demi-heure il y a trois ans, avant que l'album ne sorte. Les paroles sur la vidéo sont tout à fait différentes de celles de l'album. On n'en était pas très contents, mais elles existent dans leur forme originale sur cette vidéo. - Steve Harris
Twilight Zone (Harris, Murray)
(paroles)
Ce morceau se trouve sur la version Américaine de Killers, mais ne fut pas mis sur la version Européenne puisqu'il avait été sorti auparavant en tant que simple. Twilight Zone aurait dû être une face B, mais il était tellement bon que le groupe a décidé d'en faire un morceau de face A. D'après Nicko, le producteur du groupe, Martin Birch, était absent lors de l'enregistrement et les membres du groupe ont produit Twilight Zone eux-mêmes. C'est là encore l'un de mes préférés. L'histoire parle d'un esprit au purgatoire qui observe sa compagne toujours vivante et qui a envie d'elle. Il envisage même de la tuer pour qu'elle le rejoigne et apaise sa solitude. Comme la plupart des morceaux de Maiden, celui-ci a un rythme rapide tout en communiquant une atmosphère de tristesse et de deuil.
Il existe une série Américaine qui porte également le
titre
Twilight Zone et
qui est passée sur des chaînes francophones sous le titre "La Quatrième
Dimension". L'histoire de la chanson pourrait très bien en constituer un
épisode.
C'était un simple en Angleterre qui ne se trouvait pas sur l'album Britannique. On l'a mis comme morceau supplémentaire ici. Dave a trouvé le riff. J'ai écrit la ligne mélodique et les paroles. Mais le riff principal est de Dave. - Steve Harris
Prodigal Son (Harris)
(paroles)
Ce morceau essentiellement acoustique parle d'un homme qui se repent et rappelle la parabole biblique du fils prodigue (Luc 15). Ce n'est toutefois pas une interprétation directe, vu que le personnage confesse ses erreurs passées à un Lamia. Qu'est-ce qu'un Lamia? Le mot n'est pas mentionné dans la parabole. Toutefois, à l'époque de la Grèce et de la Rome antiques, un lamia était sensé être un démon femelle qui dévorait les enfants et dont le nom était employé pour leur faire peur. Selon la mythologie, elle était à l'origine une reine de Lybie dont Jupiter (Zeus) s'était épris, mais quand on lui enleva ses enfants sur ordre de Juno (Hera), l'épouse jalouse de Jupiter, elle perdit la raison et fit le voeu de se venger sur tous les enfants qu'elle décida d'attirer pour les dévorer. En Afrique, les lamias étaient représentés comme des créatures ayant la tête et les seins d'une femme sur un corps de serpent, et qui attiraient les hommes dans leur étreinte afin de les dévorer. Le poème de John Keats du même titre (1820) raconte l'histoire d'une mariée qui, reconnue par Apollonius comme étant en fait un serpent ou lamia, disparaît sur le champ le jour du mariage. Le tableau de John Waterhouse de 1905 est également inspiré par ce poème.
The Lamia est également un morceau de Genesis sur leur album de 1974 The Lamb Lies Down On Broadway. Il est connu que Steve Harris était un grand fan de ce groupe à l'époque, et il a très probablement tiré son inspiration de là quand il a écrit les paroles de Prodigal Son. L'atmosphère étherée du morceau semble renforcer l'idée d'une influence de Genesis sur la composition de Harris.
Prodigal Son peut être considéré comme la
continuité du thème du tueur, celui-ci cherchant désormais de l'aide et une
manière d'expier ses crimes. Cependant, ce raisonnement ne correspond pas tout
à fait à la réalité car les paroles indiquent que le passé de ce fils prodigue
est empreint de choses mystiques et de magie, et pas nécessairement de
violence ou de meurtre. Dans tous les cas, c'est un assez bon morceau qui
comporte une sonorité très différente de celle du reste de l'album.
Purgatory (Harris)
(paroles)
Ce morceau est un réarrangement de l'une des toutes
premières compositions d'Iron Maiden appelée à l'origine Floating, et
qu'ils jouaient en concert en 1976 et 1977. Je n'ai jamais entendu parler
d'enregistrements de Floating, mais d'après Nicko Purgatory est
une version accélérée pour l'album Killers. Les paroles se lisent comme
un poème et, comme c'est souvent le cas en poésie, leur signification n'est
pas facile à déchiffrer. C'est peut-être la suite du thème abordé dans
Twilight Zone,
ou c'est peut-être une sorte de rêve. C'est quand-même un bon morceau.
C'est un assez vieux morceau. Sous une forme légèrement différente, il était à l'origine appelé Floating. Ensuite, on a changé les paroles et quelques trucs dans la partie du milieu. - Steve Harris
Drifter (Harris)
(paroles)
Avec un peu d'imagination, on peut considérer Drifter comme le final du thème du tueur. Ce morceau semble se concentrer sur la possibilité d'un nouveau départ et d'espoir pour l'avenir. L'atmosphère du morceau est plus légère que celle du reste de l'album et il a longtemps été joué en concert.
Drifter est l'un de ces morceaux qui prennent
toute leur ampleur en concert et il possède également une partie où le public
participe (vous savez, "yo yo yo"!). C'est le morceau que j'aime le moins sur
l'album -- il sonne assez banal et terne, et ne possède pas le flair habituel
de Maiden. Toutefois, beaucoup ne sont pas d'accord avec moi et je pense que
c'est juste une question de goûts.
C'est un morceau qu'on joue toujours en concert. Maintenant on le joue moins fort et l'on fait participer le public. On l'a enregistré live pour la face B de l'un des simples Britanniques. La partie plus lente est l'un des trucs Blues de Dave. Les différentes partiesthe du morceau s'accordent vraiment bien ensemble. Ce n'est pas un morceau qu'on a construit en différentes sections. Avec celui-ci, je savais assez bien ce que je voulais. - Steve Harris